Fermez les yeux

La dame racontait avec irritation à quel point sa famille la rendait folle en piétinant sans cesse son beau et nouveau tapis blanc. D'accord, d'accord, c'est ridicule de s'énerver pour un tapis, mais tout de même, au prix qu'il est...

Alors la thérapeute lui a demandé de fermer les yeux. D'imaginer sa précieuse carpette impeccable, à peine marquée des sillons rigoureux laissés par l'aspirateur. De visualiser ensuite la maison vide, sans mari en chaussures, sans chien mouillé, sans enfants turbulents.

A la prochaine séance, la dame a déclaré être maintenant ravie de laisser béante la porte de son salon et d'inviter sa famille à venir faire « des taches d'amour » sur le tapis... Une broutille ? Peut-être bien. Mais surtout un déclic : « Elle a réussi à modifier sa perspective, commente Barbara Dobbs, à concevoir que ce qu'elle considérait comme fondamental n'était au fond qu'anecdotique. »

Renata Ribal, www.webdo.ch, 24/12/98