La liberté religieuse, coeur des droits humains

La religion exprime les aspirations les plus profondes de la personne humaine, elle détermine sa vision du monde, elle guide ses rapports avec les autres : au fond, elle donne la réponse à la question du vrai sens de l'existence dans le domaine personnel et social. La liberté religieuse constitue donc le coeur même des droits humains. Elle est tellement inviolable qu'elle exige que soit reconnue à la personne la liberté même de changer de religion, si sa conscience le demande. Chacun, en effet, est tenu de suivre sa conscience en toute circonstance et personne ne peut être contraint d'agir contre elle. C'est précisément pourquoi personne ne peut être obligé à accepter de force une religion déterminée, quelles que soient les circonstances ou les motivations.

La Déclaration universelle des Droits de l'Homme reconnaît que le droit à la liberté religieuse inclut celui de manifester sa croyance, seul ou avec d'autres, en public ou en privé. Malgré cela, il existe encore aujourd'hui des lieux où le droit de se réunir pour des motifs de culte soit n'est pas reconnu soit est limité aux membres d'une seule religion. Cette violation grave de l'un des droits fondamentaux de la personne est cause d'énormes souffrances pour les croyants. Quand un État accorde un statut spécial à une religion, cela ne peut se faire au détriment des autres. On sait au contraire qu'il existe des pays où des individus, des familles et des groupes entiers continuent à être l'objet de discrimination et de marginalisation à cause de leur croyance religieuse.

On ne saurait non plus passer sous silence un autre problème qui est lié indirectement à la liberté religieuse. Des communautés et des peuples de convictions et de cultures religieuses différentes entretiennent parfois entre eux des tensions croissantes qui, en raison des fortes passions qui sont impliquées, finissent par se transformer en violents conflits. Le recours à la violence au nom de son propre credo religieux constitue une déformation des enseignements mêmes des grandes religions. Comme l'ont répété nombre de fois divers responsables religieux, moi aussi je redis que l'usage de la violence ne peut jamais trouver de justifications religieuses fondées ni promouvoir la croissance du sentiment religieux authentique.

Jean-Paul II, Le secret de la paix véritable réside dans le respect des droits humains
Message pour la Journée mondiale de la Paix, chapitre 5, 8 décembre 1998