Se marier aujourd'hui au service de l'amour

« Le mariage n'apporte rien » disent certains. Est-ce si sûr ?
Essayons de recenser les grands services que le mariage rend à l'amour.

1. Le mariage permet à l'amour de se dire, de se chanter, de se célébrer.
L'amour mérite bien une fête : il mérite bien d'être partagé dans la joie.
L'amour n'aime pas se cacher. N'est-ce pas la souffrance des amours défendues que d'être contraintes à la clandestinité ?
L'amour aime se crier, prendre le monde à témoin de sa joie.
L'amour a besoin de « sacralisation », de rites, de serments traduisant bien ce qu'il vit de merveilleux et de « divin ».

2. Le mariage donne force à l'engagement.
Le oui dit en présence d'un tiers-témoin devient le signe indiscutable de la sincérité du choix. Il évite l'escroquerie du malhonnête qui peut facilement dire des « je t'aime pour toujours », quand il sait qu'en fait « ça ne l'engage à rien ».
Ce oui donne consistance à l'engagement, il est une force au service du couple, parce qu'il traduit une volonté de réussir. Il révèle qu'on joue vraiment le jeu : « Jette ton coeur par-dessus l'obstacle et ton cheval ira le chercher » (devise des cavaliers).

3. Le mariage valorise.
Celui qui est aimé existe, puisqu'il est reconnu, choisi, préféré.
Mais il existe surtout dans la mesure où le je t'aime s'accompagne d'un pour toujours : « Je mise sur toi pour toujours » ! « Je t'estime à ce point que je pars avec toi pour toujours » !
Paroles autrement valorisantes qu'un « je t'aime à l'essai pour trois mois ».

4. Le mariage invite au dépassement.
L'homme est grandi par une prise de responsabilité. Dans le mariage, l'homme est convié à « transformer le hasard en destin », à assumer son avenir, à refuser une existence entraînée au fil de l'eau des circonstances. « Faire sa propre histoire, c'est échapper à l'histoire » (Sartre).
C'est éviter « une existence de fantaisie qui échoue sur le récif du temps » (Kierkegaard).

5. Le mariage pacifie.
Il régule pour une société la force puissante mais sauvage de la sexualité. Toutes les sociétés ont été contraintes d'édicter des lois pour donner un sens créateur positif à la sexualité. Devant les inconvénients des « unions-sans-publicité » qui se terminaient souvent par l'abandon de la femme et des enfants, le législateur du XIIe siècle (I'Eglise) a été amené à exiger que la parole donnée le soit devant témoins.

6. Le mariage rappelle la dimension sociale de l'amour.
Le couple a besoin de la société. Il ne saurait vivre sur un nuage en économie fermée. Et la société ne peut survivre sans les enfants que lui donne le couple.
L'individualisme doit se dépasser : l'amour est convié à sortir de la tentation narcissique et intimiste, à grandir en s'ouvrant toujours plus.

7. Le mariage offre la durée.
L'amour a besoin du temps pour se déployer. La connaissance de l'autre exige des années : « Il y a toujours plus dans l'autre que ce qu'on a découvert » (Evely).
« Dès qu'on dit connaître un être, c'est qu'on ne l'aime plus. Une personne, c'est quelqu'un qui a tellement plus d'avenir que de passé » (Evely).

8. Le mariage convie à l'adaptation.
Deux jeunes qui s'engagent vraiment ne se laissent pas démonter par les inévitables difficultés rencontrées : ils sont conviés par leur engagement à s'adapter, à faire du conflit une occasion d'ajustement.

9. Le mariage protège l'amour.
Toute l'histoire amoureuse connaît des hauts et des bas, des tensions et des crises. Au lieu de prendre rapidement une décision de rupture, dans l'aigu de la crise, le couple marié patiente. Le mariage tient bon quand l'amour vacille : il stimule pour une recherche construite et permet les « retours de flamme » et les retrouvailles, une fois l'orage passé.

10. Le mariage est protection pour la femme, pour l'enfant.
Pour la femme, la protection n'est pas superflue. La femme n'est pas tout à fait située à égalité avec l'homme dans le couple. Prenons la femme de 40 ans. Elle a un partenaire de 45 ans qui a maintenant un nom dans la société, de l'argent. Il peut, sans mal, retrouver dans la majorité des cas une fille de 30 ans, tandis que la femme de 40 ans, abandonnée avec deux enfants, ne verra pas, en général, un garçon de 30 ans s'empresser de la prendre pour la vie. La femme a donc besoin d'être protégée par la loi si l'on a un souci réel d'égalité. Sait-on que 25 % des pensions alimentaires après divorce ne sont pas payées par les hommes ?
Pour l'enfant, c'est assez évident : son équilibre affectif demande qu'il grandisse dans un foyer stable : l'enfant paie toujours la facture la plus lourde d'une rupture de ses parents.

D. Sonet, Découvrons l'amour, Édition Droguet & Ardant, 1990