Sois serein

Sois serein au milieu du bruit et de l'agitation
et songe au calme paisible qui se dégage du silence.
Vis en bonne entente avec tout le monde
sans pour cela te renier.
Expose calmement et clairement tes idées ;
et écoute les autres,
même celui que tu considères moins intelligent que toi,
car eux aussi ont quelque chose à t'apprendre.

Evite les personnes bruyantes et agressives,
elles sont un supplice pour l'esprit.
Si tu te compares aux autres,
tu te sentiras parfois vaniteux et aigri,
car il y en en aura toujours de plus grands et de plus petits que toi.
Réjouis-toi de tes réussites comme de tes plans.

Si modeste que soit ta carrière, occupe-t'en
car elle est réellement une richesse dans un monde instable.
Sois prudent en affaires
car le monde est plein de tricheries.
Mais garde les yeux grands ouverts devant ses beaux côtés ;
beaucoup recherchent un idéal élevé
et font preuve de grand courage.

Reste toi-même ;
ne simule surtout pas la tendresse.
Mais ne parle pas non plus de l'amour cyniquement ;
car en présence de l'indifférence et du désenchantement,
il est aussi vivace que l'herbe.

Accepte sans amertume la sagesse des années
en échange de ta jeunesse.
Fortifie ton esprit, il te soutiendra en cas de malheur soudain.
Mais ne te laisse pas entraîner par ton imagination,
l'angoisse naît souvent de la fatigue ou de la solitude.
Impose-toi une saine discipline,
mais reste néanmoins indulgent envers toi-même.

Tu es un enfant de l'univers
tout comme les arbres et les étoiles ;
tu as le droit d'exister.
Et même si cela échappe à ta compréhension,
l'univers poursuit son évolution.

Donc, vis en paix avec Dieu,
quelle que soit la manière dont tu Le conçois ;
et quels que soient tes actes et tes aspirations,
vis en paix avec ta conscience dans ce monde bruyant.

Malgré toutes ses hypocrisies, ses tracas et ses rêves envolés,
la vie est quand même belle.
Reste vigilant.
Tends inlassablement vers le bonheur.

Max Ehrmann (1872-1945), Desiderata
Traduction anonyme corrigée par Roger C. Saint-André (qui a pu en retrouver l'auteur après de laborieuses recherches sur Internet) et JM Bonheur.

Ce texte, dans une version un peu différente (voir Tâchez d'être heureux) est souvent considéré comme ayant été trouvé en 1692 dans la cathédrale de Baltimore, à tort.